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Le jeu
27 mai 2008

"Skye" partie 2/2

    Dimanche, 14H46, Q.G. du NCIS,

    Gibbs raccrocha le téléphone. La fin de la journée s’annonçait sous les meilleurs auspices. Il se tourna vers Ziva qui le regardait avec des yeux interrogateurs.
« C’était Tony. Il semblerait que la veuve de Richard Carewell puisse nous aider à identifier ceux qui cherchaient à faire pression sur son mari. Et le nom de Barlow a été évoqué, elle peut le certifier ! Je crois que nous allons proposer à ce Nick Stravinsky d’accompagner son patron jusque dans une de nos salles d’interrogatoire… Alors, Ziva, vous avez pu découvrir où Barlow se trouvait cet après midi ? »
Elle lui tendit une feuille sur laquelle elle avait griffonné quelques mots.
« Apparemment, Barlow n’est pas le politicien, aujourd’hui, mais l’avocat. Si j’en crois sa secrétaire, maître Barlow sera toute cette après-midi au palais de justice de Washington. Et… Il a un dîner avec l’ambassadeur d’Arabie Saoudite ce soir, donc cette charmante jeune femme me conseille de ne pas retenir maître Barlow trop longtemps. »
« Je crains malheureusement qu’il ne doive renoncer à son dîner… Et à tous les prochains ! »


   Dimanche, 15h00, Garage du NCIS,

    Quand Tony et McGee arrivèrent au NCIS, accompagnés de Caroline Carewell, Gibbs et Ziva les attendaient déjà. Un jeune homme ouvrit la porte arrière de la voiture et demanda à Caroline de le suivre –‘‘notre médecin légiste vous attend, madame’’- pendant que Ziva et Gibbs s’engouffraient aussitôt à l’arrière de la voiture.
« Euh, on va où, patron ? » demanda Tony en rallumant le moteur.
« Palais de justice de Washington. »
« C’est comme si on y était, Gibbs ! » s’exclama Tony.
« A la vitesse où tu conduis d’habitude, Tony, rien n’est moins sûr ! » ironisa Ziva.
Ce dernier lui jeta un regard torve dans le rétroviseur.
« Ah oui ? Et bien, accroche toi bien, alors, Ziva… »
Et il démarra en trombe.
Ni Ziva ni Gibbs ne parurent perturbés outre mesure. McGee, en revanche…
« Non mais, ça va pas, Tony ? T’aurais pu me tuer ! » s’écria-t-il en attrapant rapidement sa ceinture.
« Mais t’es pas mort, le bleu, alors arrête de te plaindre et… »
Tony tourna rapidement la tête vers McGee et fronça les sourcils. McGee interrompit son geste et le regarda à son tour.
« Quoi ? Qu’est-ce-qu’il y a encore, Tony ? »
Tony se retourna, cette fois-ci complètement, pour jeter un œil à l’arrière de la voiture.
« La route, Tony ! Regarde la route ! Qu’est-ce-qui te prend ? »
« Rien, McGee, mais… Ça me perturbe de voir Gibbs à l’arrière et toi à côté de moi. »
McGee se retourna à son tour, l’air perplexe. Gibbs lui jeta un regard noir et McGee reprit aussitôt sa place, ce qui fit sourire Ziva.


    Dimanche, 15h45, Palais de justice de Washington,

    George Barlow ne les attendait pas, c’est le moins que l’on puisse dire. Il était tranquillement dans son bureau, sa secrétaire assise sur ses genoux en train de glousser. Quand elle entendit la porte s’ouvrir, elle se leva brusquement, arrangea rapidement ses vêtements, ramassa quelques documents et quitta la pièce en baissant les yeux, n’osant croiser le regard des agents.
Tony était sur le point d’éclater de rire mais le coup de coude que Ziva lui envoya dans les côtes le dissuada sur le champ. Et vu la tête de monsieur le vice-sénateur, ce n’était effectivement pas le moment d’en rajouter.
« Pourrais-je savoir ce que vous faîtes dans mon bureau ?! Je ne reçois jamais le dimanche ! Qui vous a autorisé à entrer ? » tonna Barlow.
Gibbs était en face du personnage depuis à peine une minute et déjà, sa patience avait atteint ses limites.
« Nous n’avons pas besoin de l’autorisation de qui que ce soit, monsieur Barlow. Nous sommes des agents du NCIS et votre nom est apparu dans le dossier que nous traitons en ce moment. »
« Le NCIS ? » Barlow en resta sans voix quelques instants. « Le NCIS ? » répéta-t-il d’un air ahuri. « Mais que me veut le NCIS, grand Dieu ?! »
Ziva s’approcha.
« Le nom de Jenkins vous dit-il quelque chose ? »
« Jenkins ? JENKINS ? ENCORE ?! »
Gibbs remarqua le trouble qui avait gagné l’homme en entendant ce nom. Décidément, il était vraiment suspect.
« Je suppose que ça veut dire oui. » continua Ziva. « M. Barlow, nous avons quelques questions à vous poser, vous allez devoir nous accompagner au NCIS… »
« Vous accompagner au… ? Je ne vous accompagne nulle part ! Vous êtes complètement fous, ma parole ? Vous savez qui je suis ? »
Gibbs dut faire un effort pour ne pas attraper ce gros prétentieux et le secouer un bon coup. Il ne s’inquiétait même pas de savoir ce qu’on lui reprochait, non non, il n’en avait visiblement rien à faire, il considérait clairement qu’un homme dans sa position avait le droit de tout faire. Et Gibbs détestait particulièrement ce genre d’individu.
« Si nous ne savions pas qui vous êtes, nous ne serions pas dans votre bureau, pour commencer, monsieur Barlow… » répondit Gibbs sans paraître impressionné le moins du monde et même avec du mépris dans la voix.
Barlow en resta estomaqué. Ça faisait bien longtemps que personne n’avait osé lui répondre avec autant de désinvolture.
« Et bien, si vous savez qui je suis, vous devez savoir ce que vous risquez, agent … »
« Gibbs. »
«…agent Gibbs. J’ai le pouvoir de vous mettre en retraite forcée en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire ! » menaça-t-il.
Gibbs éclata de rire, aussitôt imité par son équipe.
Barlow resta un instant silencieux, absolument stupéfait de leur réaction. Puis, ses joues s’empourprèrent :
« Vous vous moquez de moi ? » hurla-t-il, au comble de la fureur. « Bon, si vous avez terminé votre petit numéro ridicule, vous pouvez disposer. J’ai du travail, moi… »
Tony dut se retenir pour ne pas exprimer tout haut ce qu’il pensait de ce commentaire.
« Je crois que vous ne nous avez pas bien compris, M. Barlow… » reprit Gibbs. « Nous allons effectivement retourner au NCIS, mais vous allez nous accompagner. »
« Et à quel titre, je vous prie ? » ricana le gros homme.
« Celui de suspect dans une affaire de meurtre. »
« Un meurtre ? Je rêve, ou vous venez de m’accuser, moi, de meurtre ? »
« Vous ne rêvez pas c’est exactement ce que je viens de faire. » lui rétorqua Gibbs calmement.
Barlow décrocha le téléphone.
« Cette fois, c’en est trop. J’appelle la sécurité et je vous fais mettre dehors ! »
« Faîtes, faîtes. Nous serons contraints de leur expliquer pourquoi nous sommes là, et dans moins de deux heures, toute la ville saura que vous avez refusé de répondre d’une accusation de meurtre, alors que si vous êtes innocent, répondre à nos questions ne sera qu’une simple formalité… A moins que vous n’ayez réellement quelque chose à vous reprocher, M. Barlow… »
Barlow laissa sa main avec le téléphone en suspend dans les airs et évalua Gibbs du regard. Il dut finalement réaliser que celui-ci ne plaisantait pas le moins du monde, car il raccrocha brutalement.
« Très bien ! Posez-moi les questions que vous voulez, étant donné que non, je n’ai rien à me reprocher, et surtout pas un meurtre ! Mais je peux vous assurez que toute cette histoire n’en restera pas là ! »
« Votre bureau n’est pas le lieu le plus approprié pour mener à bien un interrogatoire, M. Barlow… Les procédures à suivre, vous savez ce que c’est… »
Barlow se leva brusquement de son fauteuil. Un instant, il sembla sur le point de frapper Gibbs mais après un regard à Tony puis de nouveau à Gibbs, il dut décider qu’il n’aurait pas le dessus.
« Janine ! JANINE ! » beugla-t-il soudain.
La blonde secrétaire qui s’était enfui quelques instants plus tôt réapparut dans l’encadrement de la porte.
« Oui, M. Barlow ? »
« Je dois m’absenter un instant… Pas longtemps, rassurez-vous » dit-il, avec un regard mauvais pour Gibbs. « Appelez Miles immédiatement, dites-lui de me rejoindre au NCIS… Ne vous inquiétez pas, il sait très bien où c’est… »
« Bien, monsieur. » La secrétaire referma doucement la porte derrière elle.
Il se tourna de nouveau vers Gibbs. « Miles est mon avocat. Il m’aura fait quitter le NCIS avant même que vous n’ayez commencé à me demander quoi que ce soit, agent Gibbs, je peux vous l’assurer. Vous faîtes la plus grosse erreur de votre vie en vous en prenant à moi… » ajouta-t-il.
« La plus grosse erreur de ma vie, ça a été mon quatrième mariage et croyez-moi, je ne crois pas que l’on puisse faire pire que ça ! » lui assura Gibbs en lui montrant la porte pour l’inviter à y aller.
Barlow se retourna et désigna une seconde porte à l’arrière de son bureau.
« On va passer par derrière ! Vous ne croyez tout de même pas que je tienne à quitter le tribunal entouré par trois agents fédéraux, alors qu’il y a toujours des dizaines de journalistes qui trainent sur le parvis !? »
La porte s’ouvrit à nouveau, mais nettement plus violemment, cette fois. Un jeune homme angoissé fit irruption dans la pièce.
« Nick ! » s’exclama Barlow, visiblement mécontent de le voir. « Comme vous pouvez le constater, ce n’est pas le moment ! »
« Mais, M. Barlow, c’est… »
McGee apparut derrière Stravinsky.
« Nick Stravinsky, patron. » expliqua-t-il en désignant le jeune homme aux traits inquiets.
« Excellent, agent McGee ! Bon, puisque nous sommes au complet… »
« Au complet ? » Depuis l’arrivée de Nick, Barlow semblait nettement plus tendu. « Je peux savoir ce que Nick vient faire là dedans ? »
« Ça, ce sera à vous de me le dire, M. Barlow ! »
« Vous allez le payer très cher, tout ça, je vous le promets ! »
   

    Dimanche, 16h10, salle d’interrogatoire du NCIS,

    Barlow sourit en entendant la porte s’ouvrir. Quand il s’aperçut qu’il s’agissait de Gibbs, et non de Miles, son sourire disparut aussitôt.
« Où est mon avocat ? Il devrait déjà être là depuis longtemps ! Je vous préviens que si je découvre que vous l’empêchez de me voir… »
« …Vous me mettrez en retraite forcée, vous me l’avez déjà dit. Et je suis désolé, je n’ai aucune nouvelle de votre avocat pour le moment… Il faut supposer qu’il est occupé ailleurs, monsieur Barlow… »
« Je n’aime pas beaucoup la façon dont vous dites ça, agent Gibbs ! »
« Vraiment ? C’est la vérité, pourtant… »
Gibbs déposa une série de photo devant Barlow.
« Reconnaissez-vous une des personnes figurant sur ces documents ? »
Barlow y jeta à peine un coup d’œil.
« Non. De toutes manières, je ne dirais pas un mot de plus sans la présence de mon avocat. »
Sans tenir compte de la réflexion, Gibbs désigna la photo de ‘‘Dick’’.
« Cet homme s’appelait Richard Carewell… Ce nom vous est-il familier ? »
« Jamais entendu parler. »
« L’ennui, monsieur Barlow, c’est que cet homme est mort. Et que nous avons la preuve que votre secrétaire particulier, Nick Stravinsky, a exercé un chantage sur Carewell… »
« Une preuve ? Excusez mon scepticisme, mais j’attendrai de la voir pour y croire, à votre preuve ! Et quand bien même vous en auriez une, d’ailleurs ? Je ne suis malheureusement pas responsable des faits et gestes de mon secrétaire, que je sache, et si ce pauvre garçon a fait quelque chose de mal, je n’y suis pour rien ! Allons, réfléchissez un instant, agent Gibbs ! Ne croyez-vous pas que je sois suffisamment influent pour régler mes comptes autrement qu’en ayant recours à un chantage de bas étage ? »
« Je ne sais pas jusqu’où s’étend votre influence, mais certainement pas jusqu’à pouvoir atteindre l’amiral responsable de la surveillance maritime de toute la partie du golfe persique dévolue aux Etats-Unis, n’est-ce-pas ? »
« Je ne vois pas le rapport entre l’amiral Jenkins et le chantage que vous m’accusez -à tort- d’avoir exercé sur ce pauvre type qui s’est fait descendre. »
« Au contraire, je crois que vous voyez parfaitement le rapport. Le rapport s’appelle Skye Jenkins, la jeune fille que Richard Carewell protégeait et que vous vouliez enlever afin de faire pression sur son père pour obtenir les terrains de la base de Norfolk que vous convoitiez et qu’il vous a refusé ! »
« Mais vous délirez ! D’abord, je n’ai jamais vu cette gamine de ma vie, pas plus que le gars qui la protégeait d’ailleurs… »
« Un témoin a formellement reconnu votre secrétaire comme étant l’homme ayant menacé Carewell devant chez lui quelques jours avant son assassinat ! Et je crois que la première chose que votre petit secrétaire va faire, c’est s’empresser de vous dénoncer quand nous l’interrogerons…  Vous n’êtes pas d’accord avec moi ?»
Barlow resta silencieux un instant. Il avait perdu une bonne partie de sa superbe.
« Rendez-moi mon portable immédiatement ! » s’énerva-t-il brusquement. « Je ne vous dirais plus rien tant que mon avocat ne sera pas là ! »
Gibbs lui tendit l’appareil, qu’il avait gardé dans sa poche, comme s’il avait prévu cette situation. Barlow le regarda d’un air suspicieux avant de s’en emparer.

    Au même moment, de l’autre côté de la glace sans tain,

    Tony, Ziva et McGee avait assisté à tout l’échange. Tony était hilare.
« Ziva, le jour où j’aurais besoin d’un avocat, rappelle-moi de ne pas choisir ce type !»
« C’est vrai que Gibbs est en forme, aujourd’hui… » fit remarquer Ziva.
« En effet. Je crois qu’il n’aime pas beaucoup ce Barlow. » commenta McGee.
« Il n’en veut pas personnellement à Barlow, il en veut à tous les avocats en général… » expliqua Tony.
« Ah bon ? » s’étonna Ziva. « Pourquoi ? »
« Si j’avais divorcé trois fois, je ne les porterais pas non plus dans mon cœur, je pense. »
Un silence.
« Vous croyez que Barlow va craquer ? » reprit McGee, observant celui-ci essayer vainement de joindre son avocat.
« Oui. » répondirent Tony et Ziva en même temps.
Barlow reposa avec brutalité son téléphone sur la petite table qui meublait la salle d’interrogatoire, visiblement énervé.
« La directrice a bien fait son travail en tout cas ! »
« Oui. »
« Est-ce-que… » commença McGee.
« Chut, le bleu, Gibbs reprend ! » le coupa Tony.

    Dimanche, 16h30, MORGUE du NCIS,

    « Hé bien, très cher monsieur Carewell, il semblerait bien que j’en ai fini avec vous ! Je n’ai plus qu’à ranger mes affaires et puis à vous ranger, vous, dans un de nos frigos… Ne faîtes pas cette tête-là, ils sont très confortables ! Enfin, je ne les ai jamais essayé mais… »
Il s’interrompit. Il lui manquait un scalpel. Il regarda encore une fois autour du corps mais ne l’aperçut pas. Ces petits couteaux étaient tellement fins que celui-ci s’était sans doute glissé entre le corps et la table…
« Monsieur Palmer ? »
« Oui ? »
« Pourriez-vous venir un moment, je vous prie ? Je vais avoir besoin de votre aide ! »
Palmer s’approcha.
« Un de mes scalpels est porté manquant. »
« Mon Dieu, vous croyez que vous l’avez oublié dans le corps avant de refermer ? » s’alarma Palmer.
Ducky le regarda un instant avec un regard digne de Gibbs.
« Non, bien sûr que non, monsieur Palmer. Je n’ai jamais oublié quoique ce soit dans un corps et j’ose espérer que ce n’est pas aujourd’hui que cela va commencer. Quoi que cela me rappelle une anecdote fort amusante qu’un collègue m’avait raconté, il y a quelques années. Figurez-vous que ce collègue travaillait à côté d’un laboratoire qui utilisait des souris et… »
Palmer, pressentant encore une de ces histoires interminables qu’affectionnait tant le docteur Mallard décida de couper court.
« Oui… Mais votre scalpel, docteur ? »
Ducky s’interrompit.
« Ah oui, oui, c’est vrai. Je vais tourner le corps de ce monsieur et vous allez vérifier qu’il ne s’est pas glissé en dessous. »
« Très bien, allez-y, docteur. »
Ducky fit basculer le corps vers lui lentement.
« Ca y est, je le vois ! » s’exclama Palmer.
Joignant le geste à la parole, il se pencha pour récupérer le petit outil. Ce faisant, un détail retint son attention.
« Qu’est-ce-que c’est que ça, docteur ? »
Ducky retourna le corps entièrement pour examiner la petite tâche à peine bleutée qui avait suscité la question de son assistant.
« Intéressant… On dirait une marque de coup… »
« Impossible docteur, s’il avait été frappé avant sa mort, le bleu serait plus important et si le coup datait de plusieurs jours, il aurait changé de couleur… »
« A moins que… Palmer, apportez-moi le petit appareil pour voir sous la peau ! »
Palmer obéit.
« A quoi pensez-vous ? »
« Je pense qu’il a pu être frappé aussitôt après sa mort, ou bien quelques secondes avant… Ce qui explique que le bleu ne se soit pas formé, ou si peu, sur la peau… En dessous, par contre, on devrait pouvoir avoir une image très nette de la forme de l’objet qui l’a frappé, le sang n’ayant pas pu se répandre, puisque notre homme était mort. Vous comprenez, Palmer ? »
Palmer et Ducky se penchèrent sur l’écran du petit appareil. Ils semblèrent déconcertés un instant.
« Je crois, monsieur Palmer, que l’on peut affirmer qu’il s’agit de l’empreinte de la chaussure de notre assassin. »
Ils se redressèrent et se regardèrent.
« Et bien… » murmura Ducky. « Voila qui remet tout en question, mon cher Palmer… »
   

    Dimanche, 16h45, salle d’interrogatoire,

    Barlow se taisait depuis maintenant une bonne dizaine de minutes. Il était évident qu’il était très tendu. Il fixait son portable sans discontinuer, sentant le regard de Gibbs posé sur sa nuque, attendant qu’il se décide enfin à avouer.
Barlow finit par redresser brusquement la tête.
« Je n’ai rien fait de mal ! » s’exclama-t-il avec véhémence.
Derrière la vitre sans tain, Tony s’esclaffa. ‘‘C’est la défense la plus nulle que j’ai jamais entendu. Rappelez-moi ce qu’il fait dans la vie ce gars-là ? Avocat, c’est ça ?’’
« Si c’est vrai, Mr Barlow, qu’est-ce-que vous attendez pour nous donner votre version des faits ? Si vous n’avez rien à vous reprocher, ainsi que vous le prétendez, je ne vois pas pourquoi la présence de votre avocat vous est indispensable… »
Barlow eut un regard mauvais pour Gibbs mais ne trouva rien à répondre. Il regarda de nouveau son portable puis prit une grande inspiration.
« Très bien. Je connaissais effectivement Mr Carewell, mais je n’ai jamais été cherché ce type ! C’est lui qui est venu me voir, il y a de ça trois ou quatre semaines. Il venait d’être engagé par l’amiral Jenkins pour garder sa fille après qu’il ait reçu des menaces la concernant. Carewell avait entendu parler, par mon secrétaire, qui était un de ses amis d’enfance, des différents qui m’opposaient à Jenkins dans plusieurs affaires. Il avait besoin d’argent, de beaucoup d’argent alors il m’a fait un marché. Il m’a proposé de me fournir des renseignements sur les habitudes de Jenkins et sur celle de la gosse en échange de sommes importantes que je lui verserais par l’intermédiaire de Nick. Je sais que j’ai eu tort d’accepter mais un avocat doit toujours connaître les faiblesses de ses adversaires pour être sur de gagner, n’est-ce-pas ? »
Gibbs préféra ne pas répondre, lui faisant signe de continuer.
« Bref, grâce à Carewell, j’ai découvert que la seule faiblesse de Jenkins, c’était Skye, justement… »
« C’est là que vous avez décidé de programmer son enlèvement avec l’aide de Richard Carewell… Mais il n’a pas voulu aller jusque-là, il a menacé de mettre fin à votre petit marché et de vous dénoncer, alors vous l’avez fait tué… »
Barlow secoua la tête.
« Bien pensé, mais non. Premièrement, si cet abruti avait voulu faire ça, je n’aurais pas eu besoin de le tuer, ca aurait été sa parole contre la mienne, et soyons réaliste, personne ne l’aurait cru. Deuxièmement, je crois que vous ne cernez pas bien qui était Dick Carewell. C’était un homme cupide et très intelligent, prêt à tout pourvu que la récompense soit suffisante. C’est lui qui a eu l’idée de l’enlèvement et qui m’en a fait part dans un de ses e-mails –nous ne nous rencontrions jamais-. Et c’est moi qui ai voulu mettre fin à notre petit marché. Enlever une gosse juste pour faire pression sur Jenkins ? Jamais, agent Gibbs ! Vous me prenez pour qui ? Les problèmes que j’ai avec mes ennemis, même si je reconnais user de coups bas, je les règle avec eux, pas en m’en prenant à leur famille ! »
« C’est vrai que votre attitude était digne d’honneur dans cette affaire Mr Barlow… » ironisa Gibbs. Mais tout ça n’explique pas pourquoi un témoin a vu votre secrétaire menacer Mr Carewell peu de temps avant son assassinat. »
« Après avoir compris que Richard Carewell ne plaisantait absolument pas quand il annonçait qu’il voulait mettre en scène l’enlèvement de la gamine, j’ai envoyé Nick lui annoncer que notre petite affaire était terminée. Et ce n’est pas Nick qui a menacé Richard, mais bien le contraire. Il lui a dit qu’il se fichait que nous ne participions pas à l’enlèvement et qu’il s’était trouvé de meilleurs complices bien moins regardant. Des complices qui connaissaient nos noms, nos adresses, nos familles, au cas où il nous viendrait l’idée fantaisiste de parler de ça à qui que ce soit. Alors vous comprendrez que nous n’avons plus rien voulu avoir à faire avec cet homme depuis ce jour-là… Et cet incident remonte à quatre ou cinq jours. Je n’avais plus eu aucune nouvelle de lui jusqu’à ce que vous m’annonciez qu’il avait été assassiné, ce qui, je vous l’avoue, ne m’a pas surpris le moins du monde. Je suppose que ses ‘complices’ ont estimé ne plus avoir besoin de lui. »
Gibbs était sur le point de répondre lorsque des coups furent brièvement frappés à la porte.

   
De l’autre côté de la glace,


    « Qui ose interrompre l’interrogatoire de Gibbs ? » s’insurgea Ziva.
Tony regarda rapidement ses deux collègues.
« Je ne sais pas, Ziva, on est tous là ! »
« C’est sûrement l’avocat de Barlow. » proposa McGee.
« Ne dis donc pas de bêtises, McGee ! » rétorqua Ziva. « Si ça avait été ce Miles, il ne se serait pas donné la peine de frapper, il serait entré directement ! »
« En effet… Qui alors ? »

    Gibbs ouvrit la porte d’un geste brusque. Barlow tendit la tête afin de discerner celui ou celle qui venait de les interrompre, à son plus grand soulagement, mais il n’eut pas le temps d’apercevoir la personne en question avant que Gibbs n’ait refermé la porte derrière lui. Barlow ne fut pas le seul à être frustré. Tony, Ziva et McGee se précipitèrent dans le couloir avec un bel ensemble.
« …donc du coup ça remet tout en question ! » conclut Ducky.
« Qu’est-ce-qui se passe ? » demanda Tony en s’approchant de Gibbs et de Ducky, suivi par Ziva et McGee, tous trois l’air concerné.
« Il semblerait que ni Barlow, ni son secrétaire ne soit ceux qui aient attenté à la vie de Richard Carewell… »
« Pourquoi ? » s’étonna Tony, surpris de ce retournement brutal de situation.
« Et bien, en examinant le corps de ce pauvre homme avec Mr Palmer tout a l’heure, une tâche suspecte a attiré notre attention. Après examen minutieux, il s’est avéré que notre coupable portait indubitablement… Des chaussures à talons, de type escarpins ou même bottines… Mais des chaussures de femme, ça, c’est certain. »
Toute l’équipe resta un instant silencieuse jusqu’à ce que Gibbs reprenne la parole pour confirmer ce que chacun pensait tout bas. 
« Où est Caroline Carewell, Tony ? » demanda-t-il.
« Dans la salle de conférence, patron… Ducky n’avait pas fini l’autopsie, alors elle n’a pas pu voir son mari… Après qu’elle ait affirmé reconnaître Nick Stravinsky dans l’homme qui avait menacé son mari, elle a demandé à attendre afin de pouvoir voir le corps. Je ne voyais pas de raison de lui dire non… »
« Tu as fermé la porte ? Mis quelqu’un en faction devant ? »
« Heu… Non, je n’ai pas pensé qu’elle représentait un danger quelconque… »
« Hé bien, j’espère pour toi qu’elle est toujours dans cette salle de conférence, Tony ! » menaça-t-il en entrant à nouveau dans la salle d’interrogatoire où Barlow l’attendait, pendant que ses agents se précipitaient vers la salle de conférence où Tony avait laissé Caroline Carewell une bonne demi-heure plus tôt.

    Dimanche, 17h00, salle d’interrogatoire,

    En voyant le visage fermé de Gibbs, Barlow sut aussitôt que les nouvelles étaient bonnes. Pour lui.
« Alors, agent Gibbs ? Si j’en crois la tête que vous faîtes, vous savez que tout ce que je vous ai dit est vrai ! » jubila le gros bonhomme.
« Mr Barlow, Richard Carewell a-t-il déjà mentionné sa femme devant vous ? »
Barlow arrondit les yeux de stupéfaction. Visiblement, ce n’était pas le genre de question qu’il s’attendait à entendre.
« Je vous ai dit que je n’ai jamais rencontré Mr Carewell en personne ! Mais l’argent qu’il réclamait devait servir à lui payer une nouvelle vie en Amérique du Sud, alors… Sincèrement, j’ignorais qu’il fut marié ! J’aurais même pensé le contraire, parce que dans un de ses e-mails, sachant que j’avais effectué de nombreux voyages en Amérique du Sud, il m’a demandé où l’on trouvait les plus belles filles… »
Gibbs observa Barlow quelques instants mais celui-ci avait vraiment l’air sincèrement étonné. La porte de la pièce s’ouvrit une nouvelle fois brutalement, cette fois-ci sur un Miles Harrington l’air un peu affolé.
« George ? Qu’est-ce-que c’est que toute cette histoire ? Qu’est-ce-que tu fais là ? »
« Tu vois bien, je joue aux fléchettes ! Sérieusement, Miles, t’étais où ? Ça fait près d’une heure que je cherche à te joindre ! Je peux savoir ce qui t’as pris autant de temps pour me répondre ? » s’énerva Barlow.
Le pauvre Miles rougit brusquement et Gibbs eut un court instant de pitié pour lui. Très court, parce que Miles se reprit quasiment aussitôt.
« En tout cas, agent Gibbs, cet entretien avec mon client est terminé, à moins que vous ne l’inculpiez pour quelque chose, et quand bien même ce serait le cas, soyez sûr que je trouverais le moyen de faire sortir Mr Barlow de là dans l’heure qui vient ! »
« Bien sûr, vous négocierez avec notre charmante directrice, n’est-ce-pas ? » ironisa Gibbs.
L’avocat le regarda avec suspicion mais Gibbs se contenta de hausser les épaules.
« Je vous laisse réfléchir à la meilleure ligne de défense possible avec votre client, cher maître. Etant donné qu’il vient d’avouer avoir acheté des informations sur un amiral en charge de nombreuses missions classées Secret Défense, je vous conseille d’en prévoir une efficace… »
Les deux hommes se regardèrent et jetèrent un dernier regard furieux à Gibbs qui ne le vit même pas car il avait déjà quitté la pièce.

    Dimanche, 17h00, Salle de conférence,

    Tony ouvrit brutalement la porte et se précipita dans la pièce. Tout y était parfaitement normal mais elle était vide. Ziva arriva derrière Tony et s’appuya contre le chambranle de la porte, l’observant pendant qu’il regardait dans les endroits les plus improbables si Caroline Carewell ne s’y trouvait pas.
« Tu crois vraiment qu’elle pourrait se cacher sous la table, Tony ? »
L’interpellé se redressa brusquement, interrompant ses recherches aussi infructueuses que clairement inutiles.
« Il faut que je la retrouve avant que Gibbs ne revienne, Ziva ! Tu pourrais m’aider au lieu de te contenter de regarder ! »
« Je veux bien t’aider, Tony, mais je ne vois pas bien ce que je peux faire… »
« Elle se balade au beau milieu de dizaines d’agents fédéraux, il y en a bien un qui va lui demander ce qu’elle fait là ! »
Ziva fit la moue.
« Elle n’aura qu’à dire la vérité, Tony. Que les agents McGee et DiNozzo l’ont amenée ici pour reconnaître le corps de son époux… »
Tony passa devant elle et quitta la pièce. Elle le suivit d’un air amusé tandis qu’il ouvrait les portes et regardait dans les couloirs dans l’espoir de mettre la main sur Caroline Carewell.
« Si tu ne m’aides pas à chercher, aide-moi au moins à trouver une histoire plausible pour Gibbs qui justifie qu’on ne sache PAS où est la personne qui semble être la plus impliquée dans notre enquête ! » implora-t-il en continuant à s’agiter vainement.
« Autre que ‘‘Tony a perdu notre principal suspect’’, tu veux dire ? » se moqua-t-elle ouvertement.
« Je ne l’ai pas perdu ! » s’exclama-t-il  en se tournant vers elle. « C’est juste que je ne sais pas exactement où elle est à cet instant précis ! »
Ziva lui fit un grand sourire mais ne répondit pas.
« Tu peux me dire quelle est la différence, exactement, Tony ? » demanda une voix peu amène, derrière lui.
Tony inspira un grand coup avant de se retourner.
« Heu, et bien, c'est-à-dire que… » Il rentra la tête dans les épaules, attendant la claque qui n’allait pas manquer d’arriver. Mais rien ne se passa. Il rouvrit les yeux pour voir un Gibbs en colère qui le fixait.
« Qu’est-ce-que tu lui as dit, Tony ? »
« Rien ! Je l’ai amenée dans la salle et… » Il s’interrompit.
« Et ? » le relança Gibbs.
« Et… Et elle m’a demandé si on soupçonnait quelqu’un pour le meurtre de son mari. Je lui ai répondu que je ne pouvais rien lui dire mais qu’on supposait que ce n’était pas son mari qui était visé mais la jeune fille qu’il gardait… » Il s’interrompit à nouveau.
« ET ? »
« …et qui était présente dans la maison lors du meurtre. »
« Tu as dit à cette femme qu’il existait peut être un témoin de son meurtre. »
Gibbs se précipita dans les escaliers qui menaient au labo d’Abby et sortit son arme, aussitôt imité par Tony et Ziva.
« Mais Skye n’a rien vu ! »  se récria Tony.
« Mais ça, elle n’en sait rien ! »
« Elle ne va pas tuer Skye au milieu d’un bâtiment rempli d’agents fédéraux ! Si ? »
« Je ne sais pas, Tony ! Es-tu prêt à jouer la vie de Skye et d’Abby sur cette affirmation ? »
Tony fut sur le point de répondre mais Gibbs le fit taire d’un geste de la main. Ils étaient à l’entrée du labo.
« Vous ne remarquez rien de bizarre ? » murmura Ziva.
« Si. Il n’y a pas de musique. » lui répondit doucement Gibbs.
D’un signe de la tête, il l’invita à entrer discrètement dans la pièce.
Elle entrouvrit la porte et se glissa dans la pièce.
« Mais où aurait-elle trouvé une arme ? » chuchota Tony à l’intention de Gibbs. « Elle a été fouillée à son arrivée ici et elle n’en avait pas ! »
« Elle a pu en trouver une dans n’importe quel bureau, Tony ! Nous sommes au NCIS, tu as oublié ? »
Tony fit un signe de dénégation. L’angoisse lui serra la poitrine. S’il arrivait quoi que ce soit à Abby ou à Skye, il savait que ce serait de sa faute.

    Dimanche, laboratoire du NCIS, quelques minutes plus tôt,

    « Skye ? Skye ! Ne touche pas à ça voyons ! » s’exclama Abby alors que Skye s’apprêtait à soulever le couvercle du spectromètre de masse pour regarder à l’intérieur.
« Je ne l’aurais pas cassé, ce machin ! » protesta l’adolescente.
« Je sais… Là n’est pas le problème, enfin ! Tu vois bien qu’il est en train de fonctionner ! »
« Ben, évidemment que j’ai vu ! Je vois pas l’intérêt de regarder dans ce truc s’il n’est pas en train de marcher ! »
Abby respira un bon coup.
« Tu ne veux pas t’asseoir deux minutes ? Faire un jeu sur mon ordinateur ? »
« On peut pas changer de musique ? Ça craint trop ce que t’écoutes ! » critiqua Skye sans tenir compte le moins du monde de la proposition qu’Abby venait de faire. Elle éteignit brusquement la musique, juste à temps pour entendre la porte de l’ascenseur s’ouvrir.
Abby se précipita dans le couloir.
« Mon Dieu, Gibbs, je t’en supplie, dé… »
Elle s’interrompit.
« Vous n’êtes pas Gibbs… Qui êtes vous ? » demanda-t-elle à la jeune femme rousse qui s’avançait vers elle.
« Je m’appelle Caroline. Je suis assistante sociale et je viens pour prendre la petite Skye en charge en attendant le retour de son père. »
Malgré le sourire et l’air avenant de la jeune femme, Abby resta sur ses gardes.
« Déjà, cette partie du bâtiment n’est pas autorisée aux civils non accompagné Mme… ? »
« Terrence. »
« …Terrence. Ensuite, on ne m’a prévenue de rien. Je ne veux pas vous vexer mais si vous voulez pouvoir prendre Skye avec vous, revenez avec un mot de notre directrice. Ou mieux avec la directrice en personne. Ou même avec l’agent Gibbs, je ne suis pas difficile. »
Caroline Carewell eut l’air contrariée.
« Je me permets d’insister, mademoiselle. » dit-t-elle en sortant une arme et en la dirigeant sur une Abby stupéfaite.

    Dimanche, 17h10, laboratoire du NCIS,

    Ziva fit signe à Gibbs et à Tony pour leur confirmer que la voie était libre.  Elle continua de s’approcher précautionneusement du laboratoire, en prenant bien garde à ne pas faire de bruit. Des bruits de voix étouffées lui parvenaient de la pièce principale du labo. Alors qu’elle n’était plus qu’à quelques mètres, une voix plaintive s’éleva :
« Je vous en prie, laissez-moi partir. Je peux vous donner de l’argent, si vous voulez… »
Un léger rire répondit à cette proposition.
« Je ne suis pas intéressée, mais c’est gentil d’avoir proposé. Et maintenant, il est temps d’en finir… »
Ziva sentit ses muscles se crisper sur son arme. Ce qu’ils craignaient se confirmait. Après avoir quêté l’approbation de son patron, elle pénétra brusquement dans la pièce, prête à abattre Caroline Carewell. Mais ce qu’elle vit alors était tellement surprenant qu’elle en resta figée quelques secondes, incapable de prononcer un mot, tellement elle était stupéfaite.
Tony et Gibbs apparurent derrière elle et la même expression de stupeur se peignit sur leurs visages.      
Il faut dire que la vision qui s’offrait à eux était pour le moins… inattendue.
Assise sur l’un des comptoirs du labo se trouvait une Skye absolument détendue, un pistolet dans la main, tenant en respect une Caroline Carewell attachée par une grosse paire de menotte à un imposant appareil d’analyse dont Ziva ignorait complètement le nom et la fonction.
Abby, le téléphone à la main, interrompit brusquement sa conversation en voyant débarquer les trois agents.
« …C’est bon, Timothy, tu peux arrêter de paniquer, on a retrouvé Gibbs. Enfin, c’est plutôt lui qui nous a trouvé. Mais oui, Tim, je t’assure que tout va bien… »
Elle raccrocha brusquement. Le bruit que fit l’appareil en heurtant son socle sembla ramener tout le monde à la réalité. Skye abaissa tranquillement son arme et fit un grand sourire à l’équipe qui la dévisageait.
« Faîtes pas cette tête-là, les gars. Si vous vous inquiétez pour ça… » Elle eut un mouvement du poignet faisant rouler l’arme dans ma main avant de la poser sur le comptoir avant de sauter sur ses pieds. « Mon père m’apprends à me servir d’une arme depuis que j’ai cinq ans. » Elle désigna Caroline Carewell. « Visiblement pas elle. Beaucoup trop stressée. » conclut-t-elle avec désinvolture.
Tony et Ziva échangèrent un regard atterré. Cette gamine était vraiment incroyable. Gibbs, quant à lui, semblait trouver ça très normal. Tony se demandait parfois si quelque chose pourrait surprendre Gibbs, de toute façon.
« Qu’est-ce-qui s’est passé ? »
« Ben, cette folle a débarqué ici en voulant m’emmener de force je ne sais pas où et en nous menaçant, mais Abby et moi ne lui en avons pas laissé le temps… C’était trop cool ! »
« Mais comment… ? »
Avant d’avoir pu finir sa phrase, Tony fut interrompu par Abby qui se précipita dans les bras de Gibbs.
« J’ai eu tellement peur Gibbs. Enfin, je savais que tu arriverais à temps comme d’habitude mais… Je croyais que la sécurité du bâtiment avait été renforcée ? Qu’est-ce-qui s’est passé ? »
« Bonne question… » répondit-t-il en lançant un regard noir à Tony qui eut la bonne idée de paraître confus tandis que lui et Ziva emmenait Caroline Carewell.

     Dimanche, 17h35, Open Space du NCIS,

    Gibbs regarda s’éloigner Caroline Carewell entourée par deux officiers de police. Il aurait aimé pouvoir l’inculper lui-même, mais elle avait reconnu l’assassinat de son mari et n’avait au départ aucune intention de s’en prendre à Skye, ce qui fait que l’affaire ne concernait désormais plus la marine.
« Ne fais pas cette tête-là, le NCIS va quand même la poursuivre pour ce qu’elle a fait au NCIS aujourd’hui. »
Il se retourna pour faire face à Jenny.
« Barlow n’était pas coupable finalement… »
« Pas coupable de meurtre, non… Mais je pense que sa carrière politique vient de se terminer brutalement… »
Jenny lui sourit.
« Tu crois ? Ne sous estimes pas son avocat… »
« Il est si bon que ça, Jen ? » Ses yeux glissèrent des yeux verts jusqu’à ses lèvres avant de se déplacer vers un point derrière elle. « Quand on parle du loup… »
Elle se retourna pour voir apparaître Barlow, accompagné de son avocat. Ils s’approchèrent d’eux. Barlow avait retrouvé son sourire hypocrite.
« Agent Gibbs. Je suis content de vous voir avant de partir. Je tenais à vous féliciter. Si, si c’est vrai. Utiliser les faiblesses… coupables de Miles… » Il eut un regard appuyé pour Jenny. « …c’était une très bonne idée. Mais ne soyez pas dupe une seconde. Vous ne devez votre place qu’à la très grande… complaisance de votre directrice, agent Gibbs. Un conseil, oubliez-moi et je ferais peut-être pareil avec vous. Je dis ça pour votre bien… »
« Ce sont des menaces ? »
Barlow eut un rire gras.
« Non, je vous ai dit que c’était un conseil… »
Avec un dernier regard lascif pour Jenny, il s’éloigna, toujours suivi de Miles qui durant toute la durée de l’interaction avait bien pris soin d’éviter le regard de Jen et qui semblait soulagé que Barlow se décide enfin à quitter les lieux.
Gibbs les regarda s’éloigner.
« Sauver ma place t’a couté si cher que ça ? » finit-t-il par demander.
« Bien plus que je ne l’aurais voulu, oui. Mais pour voir ce sale type subir un interrogatoire mené par toi, ça valait le coup. »
Il la regarda d’un air étonné.
« Ne me faîtes pas dire ce que je n’ai pas dit agent Gibbs : je ne veux plus jamais que ça se reproduise. » Elle avait dit cela sévèrement mais la lueur amusée dans ses yeux démentait ses paroles. « Tu vas pouvoir faire grâce à tes agents et leur permettre de rentrer chez eux... »
« Que fait-on de Skye ? »
« Il n’y a plus de danger, maintenant, alors je suppose qu’elle peut rentrer chez elle. »
« Surement pas. J’ai promis à son père de la garder en sécurité jusqu’à son retour et il ne sera pas là avant demain matin… »
« Et bien, garde-la chez toi dans ce cas. »
Il eut un rire amusé.
« Non, j’ai une bien meilleure idée. »

    Tony, Ziva et McGee n’étaient pas mécontent d’en avoir terminé avec cette affaire. Ils aspiraient tous les trois à rentrer chez eux, même si c’était pour des raisons différentes.
« Je n’arrive pas à croire que cette femme ait pu nous jouer une telle comédie ! Je veux dire, elle semblait tellement… sincère dans sa détresse ! »
« Tony, ce n’est pas toi qui disait que c’est toujours celui qui a l’air le plus innocent qui est souvent le coupable ? »
« Si, mais là… Là… Elle était bluffante ! Tu ne trouves pas, McGee ? »
« Je ne sais pas, Tony. »
« Non, mais, sérieusement, tu te rends compte qu’elle ne s’est pas contenté de tuer son mari, elle l’a aussi piétiné ! » s’insurgea Tony.
« Moi aussi je l’aurais fait, si mon mari avait voulu m’abandonner aussi lâchement… » rétorqua Ziva.
« Tu l’aurais piétiné ? »
« Non, je l’aurais tué. » répondit-t-elle le plus sérieusement du monde.
Tony haussa les épaules et commença à enfiler sa veste lorsqu’il fut interrompu par la voix de son patron.
« Où est-ce-que vous comptez tous aller comme ça ? »
« Euh… » répondit Tony en suspendant son geste. « Chez nous ? »
« Excellente idée, en effet. »
Soulagé, Tony termina de mettre sa veste et commença à rassembler ses affaires.
« Et avant de partir, je suppose que vous vous êtes déjà mis d’accord pour savoir qui allait garder Skye cette nuit avant de la rendre à son père demain matin ? » continua Gibbs.
Il vit ses trois agents échanger un regard horrifié.
« Mais… Mais Abby ne peut pas la garder encore ? J’ai l’impression qu’elles s’entendent bien… Où la directrice ? Elle avait bien gardé le gamin l’autre fois… » tenta Tony sachant que sa tentative était vouée à l’échec.
Et en effet, le regard qui lui lança Gibbs ne laissait pas de place à la discussion.
Il se tourna de nouveau vers ses collègues.
Ziva eut un sourire ironique à l’intention de Tony et attrapa une paille qui trainait sur son bureau.
« Courte paille ? »


    Dimanche, 17h40, Open Space du NCIS,

    Tony sentit une pointe d’angoisse lui nouer l’estomac tandis qu’il hésitait. Tout se jouait maintenant entre Ziva et lui. McGee avait en effet tiré le premier –probie oblige- et la chance lui avait souri, au grand désespoir de Tony. Il se contentait maintenant de les observer, rappelant au passage que Tony n’avait jamais eu beaucoup de chance en ce qui concernait les jeux de hasard.
« La ferme, le bleu ! » maugréa Tony entre ses dents. « Tu ne vois pas que j’essaye de me concentrer ? »
« Te concentrer pour quoi faire, Tony ? Il suffit de tirer un bout de paille, c’est tout ! Ce n’est pas de les fixer intensément pendant dix minutes qui va te dire lequel des deux est le plus court ! » lui fit remarquer fort justement McGee.
Tony se redressa et le regarda.
« Ça te ferait plaisir de me voir perdre le bleu, hein ? »
McGee se contenta de hausser les épaules.
« Et bien prépare toi à être très déçu parce que… »
« Arrête de repousser le moment et tire, Tony ! » s’impatienta Ziva en lui tendant de nouveau sa main.
Tony attrapa un des deux morceaux de paille qu’elle tenait encore d’un coup sec et l’agita devant les yeux de McGee.
« Ah ah ! » s’exclama-t-il sans même regarder ce qu’il venait de tirer.
« Oui, Tony, je vois, tu as perdu. Pas la peine de me coller ce machin dans la figure pour autant. » déclara McGee avec nonchalance.
Tony baissa les yeux sur le bout de paille qu’il tenait et se tourna vers Ziva qui arborait un air triomphal tout en brandissant le plus long des deux fragments de paille. Il resta silencieux quelques secondes à les regarder tour à tour.
« Vous avez triché, j’en suis certain. »
« Pas du tout, Tony. C’est de la mauvaise foi. Comment veux-tu que l’on triche à la courte paille ? Tu n’as pas de chance, c’est tout. »
« Anthony DiNozzo, ne pas avoir de chance ? Allez, avouez. Comment vous avez fait. »
Ziva se contenta de sourire. Elle ramassa son sac et s’approcha de lui pour lui donner une accolade compatissante.
« Bonne soirée, Tony. Tu vas voir, je suis certaine que ce ne sera pas aussi terrible que ce que j’imagine… » dit-elle d’une voix faussement enjouée.
« C’est vrai, Tony, cette petite a surement des bons côtés, au fond. Tout au fond. » renchérit McGee.
« Tu crois vraiment ? » lui demanda Ziva.
« Non. » répondit McGee.
Ils se tournèrent vers Tony avec un air apitoyé très convaincant.
« On est de tout cœur avec toi, en tous cas. »
Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur Gibbs accompagné de Skye, ses affaires à la main.
« Bon courage ! » l’encouragèrent une dernière fois Ziva et McGee en quittant rapidement les lieux. « A demain ! »

    Gibbs regarda les deux agents disparaître avec un regard amusé, tandis que celui de Skye était plutôt… énervé.
« J’en déduis que vous avez réussi à vous mettre d’accord sur qui allait garder Skye ce soir ? »
« Oui, patron. C’est moi. » répondit Tony d’une voix aussi peu enthousiaste que possible.
Skye semblait à peu près aussi ravie que lui à l’idée de devoir passer la nuit chez un agent du NCIS.
« C’est vrai, vous vous êtes battus pour savoir chez qui j’allais rester finalement ? » demanda-t-elle le plus sérieusement du monde. « Ben, il fallait pas. Moi, je veux rentrer chez moi ! Il n’y a plus de danger maintenant, et je ne suis plus une petite fille ! Je peux me défendre toute seule, vous avez bien vu cet après midi ! »
« Il existe des gens bien plus dangereux que Caroline Carewell et il n’est pas impossible qu’ils en aient après toi. » lui répondit Gibbs.
Skye ne parut pas décontenancée outre mesure par l’idée.   
« Et alors ? Ce ne serait pas la première fois. Et puis… » Elle leva vers lui un regard plein d’espérance et lui fit un magnifique sourire. « Si je suis obligée de rester avec un agent du NCIS,  j’aimerai mieux que ce soit avec vous. Vous avez l’air nettement plus… rassurant… que les trois autres agents que j’ai vu aujourd’hui. » Une pause. « S’il vous plaît. » ajouta-t-elle.
Gibbs eut un léger rire.
« Ne t’inquiète pas, Tony est un excellent agent. Tu ne risques rien avec lui. »
Aussitôt, Tony se rengorgea. Il ne regrettait plus d’avoir perdu à la courte paille maintenant qu’il avait entendu Gibbs dire qu’il était ‘un excellent agent’.
Skye fit une moue renfrognée, visiblement pas enchantée de la réponse. Elle jeta un regard noir à Tony. Et bien, celui-là paierait pour les autres. Elle se promit d’être le plus désagréable possible.

    Gibbs observa Tony et Skye s’engouffrer dans l’ascenseur. Avant qu’ils ne partent, il avait demandé à Tony d’être très vigilant. Celui-ci avait d’abord paru étonné, mais quand il avait réalisé que son patron craignait réellement que quelque chose n’arrive, il avait tout de suite repris son sérieux et promis de ne pas quitter Skye des yeux une seconde.
A vrai dire, Gibbs n’aurait su expliquer ce qu’il redoutait exactement, mais il sentait que quelque chose allait arriver. Il n’avait pas oublié ce que Barlow avait dit : ‘…il se fichait que nous ne participions pas à l’enlèvement et qu’il s’était trouvé de meilleurs complices bien moins regardant…’. Des complices qui se trouvaient toujours dans la nature. Et qui n’avaient peut être pas renoncé à leur projet d’enlever la fille de l’amiral Jenkins, pour quelque raison que ce soit.
Il décrocha son téléphone et composa rapidement un numéro.
« Allô, McGee ? Gibbs. Vous avez tracé les derniers appels reçus et émis par Richard Carewell avant sa mort ? »
« … »
« Pourquoi ? »
« … »
« Vous avez de quoi le faire de chez vous ? »
« …, … »
« Très bien, alors faîtes-le tout de suite. Rappelez-moi aussitôt que vous avez cette liste d’appels. »
Il raccrocha et s’assit à son bureau en attendant que son agent le rappelle.


    Dimanche, 18h05, appartement de Tony,

    Le trajet en voiture entre le NCIS et son appartement n’avait jamais paru aussi long à Tony. Skye n’avait pas cessé de s’agiter sur son siège et de toucher à tout. Elle avait allumé le chauffage des sièges, le lecteur de CD dernière génération, l’allume cigare… Bref, tout ce qui se trouvait à portée de sa main.
Il avait essayé –vainement- de lui arracher un mot, mais elle n’avait jamais daigné lui répondre. A peine se contentait-elle de lui jeter un regard ennuyé ou dédaigneux selon qu’elle trouvait sa conversation simplement inintéressante ou carrément stupide.
Quand ils entrèrent chez lui, elle posa aussitôt ses affaires sur le sol et se jeta sur le canapé. Elle attrapa la télécommande et alluma la tv, sans plus faire attention à lui.
Avec un soupir, il ramassa le sac que l’adolescente venait d’abandonner à ses pieds. ‘Ça promet’ pensa-t-il.
« T’aurais pas un truc à boire, par hasard ? » demanda soudain Skye, se tournant vers lui.
« Euh… » hésita Tony, pris de court par sa question. « De l’eau, du jus d’orange… Un coca ? »
Elle fit une grimace.
« Mouais, nan. T’aurais pas du lait, plutôt ? »
« Du lait ? » répéta Tony, abasourdi.
« Ben, ouais, tu sais, le liquide blanc qu’on met dans le café… »
Il lui lança un regard noir.
« Je sais ce qu’est du lait, Skye, je te remercie. Et non, je n’ai pas de lait. »
« Pff… » fut la seule réponse de Skye. Elle se tourna de nouveau vers la télé, l’air plus acrimonieux que jamais.
Tony était bien décidé à ne pas la laisser gagner.
« Très bien ! Tu ne bouges surtout pas ! » lui intima-t-il en ouvrant la porte.
« Où tu vas ? » demanda-t-elle avec espoir.
« Je reviens tout de suite. Je vais voir si mon voisin à du lait. » lui répondit-t-il d’une voix déterminée, déjà dans le couloir.
Il réapparut à peine une minute plus tard, tenant triomphalement une bouteille de lait à la main.
« Déjà ? » regretta Skye ouvertement.
Il ignora sa réflexion désagréable et referma doucement la porte sans sembler apercevoir la silhouette qui s’était tapie dans l’ombre en l’entendant ouvrir la porte un peu plus tôt.

    L’homme quitta le recoin dans lequel il s’était glissé précipitamment lorsqu’il avait entendu la porte s’ouvrir. Il savait maintenant où se trouvait la gosse. Et elle n’était protégée que par un seul agent du NCIS. Et pas le plus malin, apparemment. C’est son boss qui allait être content. Il sortit son téléphone portable et composa rapidement un numéro.
« … »
« Boss ? C’est Connor. »
« … ? »
« Ouais, elle est bien là. »
« … ? »
« Un seul. »
« … ? »
« Je ne bouge pas, je préviens les gars et je t’attends. »
Il raccrocha.

    Tony versa le lait dans un verre et le tendit à la jeune fille avec un sourire victorieux. Elle jeta un regard soupçonneux sur le verre et le liquide qu’il contenait.
« C’est du lait de quoi ? »
Tony eut un mouvement de recul tandis qu’un air de stupeur se dessinait sur son visage.
« Euh… De vache. De quoi d’autre ? »
« J’te signale qu’il y a plein d’animaux qui donnent du lait… Mais bon. » Elle se tourna de nouveau vers la télévision, ignorant délibérément le verre qu’il continuait de lui tendre. « De toutes façons, je suis allergique au lait animal, ça me rend malade, je ne peux boire que du lait végétal. »
Tony regarda successivement le verre et Skye, se demandant si cela valait le coup de tâcher son canapé en balançant le contenu du verre à la tête de la petite peste. Il décida que non et se résigna à boire le lait lui-même.


    Dimanche, 18h05, Open Space du NCIS,

    Gibbs fut brutalement tiré de ses pensées par la vibration de son portable, posé devant lui sur son bureau.
« Allô ? »
« … »
« Vous avez ce que je vous ai demandé, McGee ? »
« …, … »
Gibbs écouta en silence la réponse de son agent, ses traits se crispant légèrement.
« Je m’en doutais ! » s’exclama-t-il soudain.
« … ? »
« Oui, immédiatement ! Je veux que vous soyez là bas le plus vite possible. Prévenez Ziva. Je vous retrouve sur place. » Il s’interrompit. « Ne trainez pas, McGee ! » ajouta-t-il avant de raccrocher.
Avant même qu’il ne l’ait rangé dans sa poche, son portable vibrait de nouveau.
« Allô ? »
« …, … »
« Je sais. » répondit-t-il à son interlocuteur.
« … ? »
« Non. Continue de faire comme si de rien n’était. Il ne faut pas qu’ils se méfient. »
« … »

    Dimanche, 18h30, Appartement de Tony, extérieur,

    Les quatre hommes s’arrêtèrent devant la porte de l’appartement de Tony.
« Tu es certain qu’ils sont toujours à l’intérieur, Connor ? » demanda celui qui semblait être le chef des opérations.
« Je n’ai pas bougé de devant cette porte, comme tu me l’avais demandé, Boss. »
« Ouais ? Ben, t’as plutôt intérêt à ce que ce soit vrai ! »
Il fit signe à un second de ses complices qui s’attaqua à la serrure de la porte. Moins de cinq secondes plus tard, il l’avait déverrouillée, le tout quasiment silencieusement, seul le cliquetis du loquet qui cédait ayant trahi ce qu’il venait de faire.
« C’est bon, Boss. »
Ils entrèrent brusquement dans la pièce qui englobait le salon et la cuisine, armes aux poings, mais elle était vide. Alors qu’ils étaient sur le point de vérifier derrière le bar, un bruit attira leur attention. Silencieusement, ils se dirigèrent vers le couloir qui menait aux chambres et à la salle de bain, d’où semblait être venu le son.
Depuis la chambre du fond, ils pouvaient désormais entendre clairement une jeune fille chantonner. Alors qu’ils se dirigeaient vers la pièce, le bruit d’une chasse d’eau accompagné d’un sifflement recouvrit quelques secondes les vocalises. Ils s’immobilisèrent, attentifs. 
« Patrick, occupe-toi de la gosse avec Connor… Danny et moi, on s’occupe de l’abruti qui lui sert de nounou. » chuchota le chef avec une voix qui n’admettait pas de répliques.
Obéissant, les deux désignés se rendirent sans bruit dans la chambre où la jeune fille continuait de fredonner un refrain entrainant.
La jeune fille était assise sur une chaise, devant l’ordinateur et elle leur tournait le dos, comme inconsciente de ce qui était sur le point de lui arriver.
   

    Après avoir laissé passer encore quelques secondes, Tony ouvrit brutalement la porte de la salle de bain, surprenant les deux hommes qui l’attendaient derrière. Il pointa son arme vers le plus proche des deux intrus.
« Tiens, tiens, comme on se retrouve. Les rôles sont inversés, on dirait, Liam. Cette fois-ci, c’est moi qui te surprends… » ironisa Tony devant l’air abasourdi de Liam.
Mais celui-ci ne se laissa pas décontenancer pour si peu. Il éclata de rire.
« C’est vrai, je le reconnais, sur ce coup, tu m’as eu… Mais qu’est-ce-que tu comptes faire maintenant ? Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, nous sommes quatre et tu es tout seul, le flic… » rétorqua-t-il avec désinvolture en continuant à tenir Tony en joue.
« Combien êtes-vous prêt à parier sur cette affirmation, Liam ? » interrogea une voix derrière lui.
Liam et son complice se retournèrent brusquement pour voir apparaître McGee, qui avait été jusqu'à présent dissimulé par la porte de la chambre de Tony.
Tony profita de l’effet de surprise pour se jeter sur Liam, le désarmer et le maîtriser. Son complice sembla hésiter un instant sur la conduite à tenir mais le regard sévère de McGee ainsi que l’arme que celui-ci tenait pointée directement vers lui semblèrent le dissuader rapidement de faire quoi que ce soit et il n’opposa aucune résistance réelle lorsque McGee lui passa les menottes.
« Vous allez le regretter ! » rugit Liam en continuant à se débattre tandis que Tony le poussait vers le salon. « PATRICK ! CONNOR ! »
« Merci de nous épargner le besoin de chercher le nom de tes complices. » se moqua Tony. « Tu as raison de coopérer, peut-être que tu auras le droit à une cellule avec vue… »
Liam eut un sourire mauvais.
« Vous feriez mieux de me relâcher. Quand mes gars vont revenir avec la môme et qu’ils vont me voir comme ça, ils se pourraient que ça ne leur plaise pas beaucoup… Pas du tout, même. Et vous ne voudriez surtout pas qu’il arrive quelque chose à la gosse… »
« Qui c’est que tu traites de ‘gosse’ ? » s’indigna une voix outrée depuis la cuisine. Tous firent volte face en direction du bar. Skye s’y trouvait, nonchalamment assise dessus, sirotant tranquillement un coca.
Les yeux de Liam s’arrondirent de stupeur.
« Skye… » soupira Tony exaspéré, « je croyais qu’on t’avait demandé de ne pas bouger de ta cachette avant qu’on ne te le dise ?  »
« Je sais. Mais je m’ennuyais trop, alors… »

   Les deux hommes de main avaient compris que quelque chose clochait au moment où ils s’étaient rendus compte que la webcam de l’ordinateur était allumée et braquée droit sur eux, mais il était trop tard. La jeune fille assise sur le siège s’était déjà retournée d’un mouvement brusque.
« Salut les gars, contente de vous revoir. » railla Ziva, avec un sourire éclatant.
Les deux hommes voulurent crier pour avertir leurs complices mais une voix sèche leur en ôta toute possibilité.
« Je ne ferais pas ça, si j’étais vous… » les prévint Gibbs, surgissant de derrière la porte, une arme à la main. « Posez vos armes sur le sol. » ordonna-t-il, les tenant en respect.
Ils obtempèrent aussitôt, convaincus que l’agent au regard glacial était du genre à les abattre sans état d’âme.
Ziva ne mit que quelques secondes à les mettre définitivement hors d’états de nuire en leur passant des menottes autour des poignets, immobilisant ainsi leurs mains derrière leur dos.
Ils sortirent tous ensemble de la pièce et rejoignirent Tony et McGee dans la cuisine.
Ziva désigna à Tony les deux hommes qu’elle et Gibbs venaient d’appréhender :
« Regarde ce qu’on a trouvé dans ta chambre, Tony… Et moi qui croyais que tu les aimais blondes… »
« Ah, ah, Ziva, très drôle. » maugréa Tony. « Mais tu as raison, ils ne sont pas du tout mon genre. McGee, par contre… »
Ce dernier se contenta de lui jeter un regard noir tout en poussant deux des suspects hors de l’appartement. Ziva et Tony lui emboîtèrent le pas avec les deux autres individus peu scrupuleux.
Lorsque Liam passa devant Skye, celle-ci lui jeta un regard dédaigneux.
« Dire que j’ai cru que t’étais un mec bien. Mais en fait, t’es qu’un pauv’ type ! »
Sans lui accorder davantage d’attention, elle retourna s’asseoir dans le canapé, devant la télé, l’air visiblement irritée. Visiblement, elle n’était pas ravie de s’être laissé berner par Liam.
« Bonne soirée, Tony… » susurra Ziva non sans ironie en prenant soin de refermer la porte de l’appartement derrière elle, l’abandonnant de nouveau seul face à la perspective d’une soirée plus que pénible.
Comme pour confirmer les dires de l’Israélienne, Skye lui rappela sèchement :
« J’ai toujours pas eu mon lait, j’te signale ! »


    Lundi, 8h00 a.m., bureau du directeur du NCIS,

    « Papa ! »
La jeune fille interrompit la discussion entre Jenny, Gibbs et l’amiral pour se jeter dans les bras de son père aussitôt qu’elle le vit.
L’amiral Jenkins la serra dans ces bras un long moment avant de la reposer sur le sol pour se tourner vers Tony qui venait d’accompagner la jeune fille.
« Agent DiNozzo, je ne vous remercierai jamais assez d’avoir veillé sur Skye jusqu'à mon retour. »
« Mais de rien, Amiral, ce fut un plaisir. Votre fille est… absolument charmante. » mentit Tony en jetant un regard en coin à Skye.
« Vraiment ? » interrogea Jenkins d’un air sceptique. « Ce n’est pas l’avis de ses précédents gardes du corps. » Il marqua une pause, pensif. « D’ailleurs, la place est libre, si elle vous intéresse, Mr DiNozzo. »
Tony fut pris de court un instant, avant de bégayer une réponse.
« Euh, et bien, c’est… C’est une proposition très… Je veux dire… C’est très aimable à vous mais… Mais je travaille ici au NCIS et… »
Tony redressa la tête un instant pour croiser les regards amusés de Jenny, Gibbs et Jenkins et il comprit que l’Amiral s’était moqué de lui.
Il poussa un soupir de soulagement et sourit à son tour.
« Si vous n’avez plus besoin de moi… »
« Vous pouvez y aller, agent DiNozzo. » lui répondit la directrice.
Soulagé, Tony quitta rapidement la pièce.


    Lundi, 8h20 a.m., Open Space du NCIS,

    Tony, Ziva et McGee saluèrent l’Amiral et sa fille qui quittaient le NCIS.
« Et bien, je ne suis pas mécontente de voir cette affaire se terminer. » Ziva se tourna vers Tony. « Je t’admire, tu sais. Je ne sais pas comment tu as pu passer une soirée et une nuit entière avec cette gamine et réussir à y survivre… »
« Et bien, ça n’a pas été si difficile que ça, finalement. On a même fini par devenir très bons amis, elle et moi, si tu veux savoir ! »
« Ah ? Tu as fini par réussir à la faire tomber sous ton charme légendaire, Tony ? Vraiment ? »
Tony soupira.
« Non. En réalité, elle me hait. »
« Ne le prends pas comme une défaite personnelle, Tony. Je crois qu’elle déteste tout le monde. C’est une ado… » le consola McGee.
« Non, le bleu, elle ne déteste pas ‘tout le monde’… Tu aurais du voir comment elle regardait Gibbs, hier soir… Même Jenny ne le regarde pas comme ça. »
« Et alors ? Même les filles de quinze ans peuvent avoir bon goût, Tony… » lui fit remarquer Ziva.
Il haussa les sourcils.
« Enfin, Ziva ! Elle a quinze ans ! Il pourrait être son grand-père ! »
Elle ne répondit pas.
Tony soupira.
« Il est derrière moi, c’est ça ? »
Elle acquiesça avec un grand sourire.
« Pardon, boss, ce n’est pas ce que je… »
Une claque à l’arrière du crâne interrompit sa phrase.
« Vous n’avez vraiment rien d’autre à faire ? » demanda Gibbs sévèrement tandis que Tony se massait la tête.
Les trois agents se précipitèrent à leur bureau et se remirent à plancher sur les affaires courantes.
 

    Lundi, 8h30, bureau de Cynthia,

    La secrétaire ouvrit la boîte pour y déposer la nouvelle lettre de menace qu’elle venait de découvrir. Elle soupira. Non pas que le fait soit exceptionnel. En fait, il était même plutôt courant. Mais il y avait dans ce cas précis quelque chose qui inquiétait Cynthia davantage que d’habitude. La plupart des lettres de ce genre était souvent très floues, menaçantes certes, mais jamais précises. Celles-ci étaient différentes. Elles avaient débuté avec le court mot qui avait été planté dans le bureau trois semaines auparavant. Depuis, il ne se passait pas une journée sans qu’une de ces missives ne parviennent au NCIS. Pas par le courrier, non, non. Elles étaient directement déposées au NCIS tous les matins.

    Le premier réflexe de Cynthia avait été d’en parler à Gibbs. Mais la directrice le lui avait interdit. Pourquoi ? Peut-être ne jugeait-elle pas la menace réellement sérieuse ? Ou bien était ce parce que les missives avaient toutes plus ou moins le même contenu : ‘tenez vous éloignée de Jethro ou payez en les conséquences !’ ? Toujours est-il qu’elle avait été très claire, Gibbs ne devait rien savoir de ces lettres, si Cynthia tenait à sa place.


    Mais là, le problème avait atteint un niveau qu’elle ne pouvait plus ignorer, quels que soient les ordres qu’elle avait reçu. En effet, la dernière lettre était pour le moins explicite. Et la photo qui l’accompagnait –comme toujours- l’était tout autant. En fait, cette photo était très jolie, on y voyait Jenny et Jethro souriant l’un à l’autre –pour une fois. Mais la cible qui avait été soigneusement ajoutée sur le visage de Jenny brisait cette charmante image. Après une nouvelle minute à fixer cette photo, Cynthia se sentit parcourue d’un frisson. Elle reposa la photo dans la boîte et se leva. Elle avait pris sa décision.

    Jenny était en conférence avec la tête d’un grand organisme x ou y et elle en aurait encore pour un bon moment. Cynthia avait donc largement le temps de faire ce qu’elle avait à faire. La boîte sous le bras, elle descendit rapidement les escaliers et s’arrêta devant le bureau de l’agent Gibbs qui leva les yeux vers elle.
« Je peux faire quelque chose pour vous, Cynthia ? »
Celle-ci hésita un instant. Gibbs put se rendre compte qu’elle avait l’air soucieux.
« C’est la directrice qui vous envoie ? » lui demanda-t-il.
Elle rougit.
« Oh, non, agent Gibbs. En fait, elle ne voulait pas que je vienne vous voir mais… Mais j’ai pensé que vous devriez être au courant étant donné que tout cela vous concerne. »
Elle s’interrompit.
Gibbs fronça les sourcils, désormais attentif.
Ses agents, à l’écoute dès que Cynthia était arrivée se levèrent et s’approchèrent.
Cynthia leur jeta un regard avant de se tourner de nouveau vers Gibbs.
« J’aurais voulu vous parler à vous exclusivement, monsieur. »
« Cynthia, le simple fait que vous m’en parliez mettra surement déjà hors d’elle votre très chère directrice, alors que mes agents soient présents ou non ne va pas changer grand-chose à ce stade. »
Elle hésita encore un instant, puis déposa la boîte devant Gibbs.
« Cela fait trois semaines que nous recevons ce genre de messages… »
Gibbs ouvrit la boîte et scruta quelques uns des documents qu’elle contenait, son visage se fermant au fur et à mesure de sa lecture.
Tony et McGee se jetèrent un regard inquiet. Ziva, elle, avait pali imperceptiblement.
« Pourquoi les cinglés font-ils tous une fixation sur le directeur du NCIS ? Il y a un concours chez les psychopathes ou quoi ? » interrogea Tony à voix haute.
Ziva intervint d’une voix tendue.
« Je ne crois pas que cette personne, qui qu’elle soit, n’en veule exclusivement à notre directrice. »
Gibbs, Tony, McGee et Cynthia la regardèrent avec étonnement.
« Qu’est-ce-qui te fais dire ça, Ziva ? » lui demanda Gibbs.
« Parce-que… » Elle s’interrompit le temps d’aller chercher une liasse de document dans le tiroir de son bureau. « …Parce-que j’ai reçu exactement la même chose ces trois dernières semaines. » expliqua-t-elle en extrayant une photo de la pile qu’elle tenait dans les mains et la tendant à Gibbs.
Sur la photo, prise en extérieur, Ziva regardait Gibbs d’un air attentif, écoutant probablement ses instructions. Mais le détail qui retenait l’attention, c’est que son visage, à l’instar de celui de Jenny sur la photo qui avait inquiétée Cynthia, était également cerclé d’une cible rouge.

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Commentaires
A
j'ai adoré ! Si un jour tu décide d'écrire un roman ou autre chose tu pouras être sure que je te suivrait !Bref c'est trop bien trop fort géniallissime , continue , vraiment !
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